dimanche 16 décembre 2007

Paternité

En revoyant une photo récente, où mon Loup m'avait collé un bébé dans les bras pour la-dite photo, il m'est revenu quelques souvenirs.
Déjà adolescent, puis jeune adulte, les enfants avaient tendance à venir à moi. Étant (alors) d'une grande patience, même si je n'y prenais pas toujours un grand plaisir, ils y revenaient.

Puis (je vous le rappelle) je me suis marié (nul n'est parfait; tout le monde fait des erreurs !). Fort heureusement, nous ne désirions pas d'enfants dans l'immédiat. Du moins, mon épouse, car au début, j'éprouvais malgré tout un besoin de paternité, de prodiguer à un 'p'tit bout' issu de moi, l'affection que je n'ai pas reçue moi-même. Ma femme ne voulait donc pas d'enfant, mais dès que l'occasion se présentait, elle m'en collait un dans les bras. Or, celui-ci n'étant pas mien, il m'embarrassait plus qu'autre chose. Mais là encore, ces enfants se plaisaient en ma compagnie.

Le problème, c'est quand l'enfant en question vous est antipathique. Oui oui, ça se peut ! Qu'on ne me raconte pas que tous les enfants sont adorables, et patati, et patata. Non, même sans être des monstres, certains génèrent comme les adultes des ondes négatives, et je me souviens en particulier d'une petite fille qu'une amie voulait nous faire adopter si elle-même venait à disparaître. C'était une petite teigne avec qui je n'avais absolument aucun atome crochu.

Par-contre, il y a des enfants, aujourd'hui, avec qui s'est créée une réelle amitié. Ce sont les enfants de nos amis les plus proches, et mon Loup et moi les considérons comme des neveux (nièces) ou filleul(e)s.

Mais je voudrais en revenir à ce sentiment de paternité, très lié au sentiment filial. Il y a des scènes, dans les films, qui me touchent énormément: ce sont celles ou un père serre son fils dans ses bras. Que l'enfant soit jeune ou adulte, cela m'émeut toujours. Pourquoi ? Parce que je ne l'ai jamais vécu, et ne le vivrais jamais.

Les relations avec mon père, aujourd'hui, sont cordiales. On se fait la bise pour se dire bonjour ou au-revoir, mais ça s'arrête là. Je n'ai pas d'animosité envers lui, car je sais qu'ayant perdu son père quand il avait 9 ans, il n'a pas eu lui-même de modèle paternel. Il a du se battre, travailler très jeune, et est donc de ce fait excusable. J'avoue que je n'ai jamais eu de grande estime à son égard, mais je lui découvre des qualités en ce moment, en particulier celle de supporter ma mère.

Mais force est de reconnaître qu'il n'a pas joué son rôle à mon égard, excepté celui de me nourrir, me loger au chaud, et me vêtir, avec ses moyens. Par-contre, ce qui m'a manqué, c'est une reconnaissance de sa part. Quelques félicitations, par-ci par-là. Une fierté, pour une raison ou pour une autre.

En fait, c'est bien trop tard, quand j'étais adulte, qu'il a commencé à avoir de la fierté envers moi. Mais lorsqu'il l'exprimait à un tiers, j'avais envie de lui crier: "Ce n'est pas grâce à toi que j'en suis arrivé là!". Mais bon, j'ai presque pitié de lui, et je crois que mon coming-out lui a fait un coup, mais l'a aussi fait réfléchir.
Finalement, aujourd'hui, je vis avec mon Loup, et le désir d'enfant ne se fais plus du tout sentir. Je comprend les couples gays qui ont ce désir, et leur souhaite d'y parvenir, mais pour ma part, je me suis fait une raison, il n'y a aucun manque, et arrivé à mon âge (hé oui!), ça serait plutôt une contrainte qu'autre chose.
De toutes façons, ça ne risque pas: ça ne prend pas chez mon Loup! lol

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut envoyer ton loup s'assoir sur cette chaise "miracle" en Italie !! Alors là, une grossesse relèverait carrément du miracle !!!

Bisous Lapinou !

Anonyme a dit…

T'inquiètes pas, le mieux, c'est de prendre les gosses quand ils sont déjà grands, tu échappes aux nouvelles dents, aux couches, aux réunions de parents d'élèves, aux biberons 4 fois par nuit et j'en passe...
Tu deviens un super tonton, c'est déjà du boulot quand tu les prends à l'adolescence... C'est en général en pleine crise existentielle...
Amuses toi déjà avec ça.
Pas simple d'être parent, soit tu reproduis ce que t'as vécu et là, "pas glop", ou tu fais tout le contraire et c'est pas toujours bon non plus. De toutes façons, quand t'es parent, j'ai remarqué que quoi que tu fasses, on te dira toujours que tu pouvais faire mieux.

Anonyme a dit…

Très joli texte et confidences que tu nous fais partager,émouvant, très touchant aussi, de gros bisous pour vous deux. Amitiés. Coco

Anonyme a dit…

Je suis touché par ta confidence, pour ma part je vis un peu la même situation. Les relations avec mon père sont cordiales, on se voit une fois par mois, après être restés sans se voir durant 3 ans, mais on ne sera jamais aussi proches que j'aurais aimé qu'on le fût.

Donc, je me suis fait une raison.

Mais chaque fois que je vois une scène dans un film ou dans la rue qui met en jeu un père et un fils, je me sens touché, je sais qu'il me manque quelque chose.

Une part de moi voudrais être papa aussi, et d'un autre côté, je ne veux pas le faire pour de mauvaises raisons : prouver qu'un gay peut le faire, prouver que je peux faire mieux que mon père (et que mes deux grands-pères qui ont aussi foiré leur paternité), me prouver que je peux le faire.

D'autant que contrairement à toi, personnellement, je suis toujours mal à l'aise avec les enfants. J'aurais peur de ne pas être à la hauteur et de lui refiler mes névroses ou de les lui faire subir.

Il vaut donc mieux que je m'abstienne, mais le sujet est douloureux.

Merci à toi.

Le Gay Lapin a dit…

Genet >> Je crois malgré tout que tu te poses trop de questions. Si tu ressents réellement cette envie, et que tu n'as pas un âge canonique, tu devrais te lancer, et je suis sûr que tes sentiments paternels s'épanouiront. Tu sais ce qu'il faut à un enfant, puisque tu sais ce qui t'as manqué. Et avec TON enfant, ça ne sera pas comme avec ceux des autres. Ceci dit, quel que soit ton choix, bonne route! Bizzz