mardi 8 avril 2008

Peut-on rire de tout ?

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Il y a quelques temps, je répondais à 'Matthieu l'Anonyme' qu'"il ne faut pas prendre les plaisanteries sur les pédés comme une réelle homophobie." Ceci pour qu'il n'ait pas une peur excessive de son entourage, au cas où il voudrait faire son coming-out.
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Ce à quoi un autre visiteur anonyme a répondu: "Je pense qu'à chaque fois qu'une blague homophobe est sortie (ou une injure comme enculé), il faut faire remarquer à la personne au minimum que ce propos n'est pas PC (politiquement correct) si tu veux rester neutre envers ton interlocuteur, et préciser qu'il est homophobe si tu es plus à l'aise avec toi et envers la personne qui s'est (mal) exprimée. C'est aussi une façon de lutter contre l'homophonie en changeant et faisant évoluer les mentalités. Et ça marchera peut-être pour la génération suivante qui ne considérera plus qu'un enculé c'est négatif et grossier et parfois ça commence par son propre langage (aussi envahi d'homophobie)."
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Personnellement, je ne suis pas aussi catégorique. Il me semble que le véritable humour, c'est d'abord de savoir se moquer de soi-même. Qu'on soit "pédé", juif, noir, Belge, blonde, ou quoique ce soit d'autre, il faut savoir rire de soi-même (des clichés, mais aussi des réalités).
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Bien-sûr, on ne peut pas en rire avec tout le monde. Ainsi, une blague homophobe dans la bouche d'un homophobe n'est pas drôle. Ni une histoire juive dans la bouche d'un antisémite, une blague raciste dans la bouche d'un xénophobe, ...
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Mais je ne considère pas les blagues de vestiaire, par exemple sur les 'pédés', comme méchantes et foncièrement homophobes (en général). Je vois ça simplement comme une affirmation de leur virilité (virilité dont ces pauvres petits hétéros sont si peu sûrs !).
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Aussi, je pense que le petit Matthieu et tous ceux qui ont peur de faire leur coming-out ne doivent pas s'arrêter sur des remarques qu'ils entendent dans leur entourage. Mon père m'a bien dit un jour, au sujet d'un gay, fils d'amis: "Il n'aurait pas fallu que j'aie ça à la maison; il ne serait pas resté plus de 2 minutes!" Il n'empêche que quand il a appris pour moi, il ne m'a pas rejeté, même s'il n'approuve pas mon mode de vie.
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Je crois qu'il faut donc savoir relativiser les choses. Certes, je sais que dans notre dos, des gens qui font bonne figure devant peuvent s'amuser entre eux à notre sujet, mais très sincèrement, je ne pense pas que ce soit méchant.
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Moi-même, je ris donc volontiers sur des blagues sur les homos, pourvu qu'elles soient bonnes. Bon, c'est vrai, les blagues de vestiaires ne sont pas toujours fines, mais il y en a de bonnes, parfois.
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Je dirais enfin que je pense que l'humour est une preuve d'intelligence. Et inversement, le manque d'humour découle d'un manque d'intelligence; les 2 sont liés. Je dis ceci en faisant bien la distinction entre les sarcasmes et le véritable humour. Ainsi, Laurent Gerra, que je considère comme quelqu'un de talentueux, met son talent au service de la moquerie ironique et méchante(et en particulier homophobe), et ça, ça ne me fait pas rire dutout!
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Moralité, on peut rire de tout,
mais pas avec n'importe qui !

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec toi, ns pouvons rire de tout, certes, mais pas ds n'importe contexte ou circonstance....et pas avec n'importe qui..qd les gens blaguent sur les blondes ou les rondes cela ne me laisse pas indiff�rente selon les personnes qui les racontent et l'intonation...
mais l'humour est une qualtit� que j'appr�cie....mais l'humour subtil, bonne enfant, sans m�chancet�...la moquerie, la vulgarit� l'idiotie et la maladresse ds l'humour, et bien je d�teste...et je n'appr�cie pas ce genre d'individu....

l'intelligence et l'amour pour son enfantc'est de l'accepter tel qu'il est, � partir du moment ou il est heureux et �panouie
bisouxxx � mes gar�ons pr�f�r�s
�ph�lide

Anonyme a dit…

Faut juste savoir une chose : en psy, ce genre d'insultes "pédé" ou "enculé" expriment des fantasmes refoulés d'homosexualité (dans le cas de l'insulte "pédé !") ou de sodomie (dans l'autre cas de l'insulte "enculé !"). Bien sûr sans qu'il y a prise de conscience de la part de l'auteur de l'insulte, sinon, ce ne serait plus "refoulé". Depuis que je sais ça (les séances de psychothérapie sont en ce sens très intéressantes, c'est que j'y apprends plus sur la théorie psychanalytique que sur moi-même) et bien quelqu'un qui me dirait "espèce d'enculé !" ou "sale pédé !" me ferait pouffer de rire tellement j'aurais pitié de mon interlocuteur peu aimable en ayant, moi, conscience de ce qu'il refoule, lui, dans son inconscient. S'ils savaient, y en a moults qui fermeraient leur gueule...

Anonyme a dit…

D'un autre côté, l'insulte "enculé" est devenue si courante qu'elle en a perdu son sens originel, un peu comme le "putain" qui n'a plus rien à voir avec des prostituées, ou encore "va te faire foutre" qui veut simplement dire "je ne suis pas d'accord avec toi et je suis énervé" et non plus "va te faire somodiser" (sinon cette expression serait équivalente et autant employée).

Donc la conclusion de mon message c'est que certaines insultes ont perdu leur sens d'origine et de ce fait ne doivent pas être interprétées comme homophobes, en tout cas, pas toujours, tout dépend qui, envers qui et pourquoi.

Le Gay Lapin a dit…

Hadrien >> ça me conforte dans une explication sur l'homophobie que je dois publier depuis longtemps, mais que je n'ai toujours pas écrite.
Vous 3 >> merci pour vos avis intéressants.

Anonyme a dit…

Tu oublies la "boulette" !!! A moins d'être aveugle, raconter une blague de blonde à une blonde, c'est ciblé !

On ne connait jamais (ou rarement) la sexualité ou la religion de son interlocuteur quand on raconte une blague sur les juifs ou les homos !! Ne reste plus qu'à l'interlocuteur en question qu'à faire preuve d'humour et d'autodérision... Ca n'est pas toujours gagné...

Mais je peux comprendre que l'on soit usé à la longue par des blagues incessantes, quand on en est la cible privilégiée. Ne dit-on pas que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures ?

Bisous Lapinou !

Anonyme a dit…

Pardon de réitérer mais
je pense, comme le dit Hadrien que le langage véhicule des pulsions et des pensées inconscientes dont les tabous .
Ce n'est pas toujours aussi simple que de penser qu'un mec qui dit " enculé "
est un pédé refoulé. Cependant "enculé" ça touche un tabou qui véhicule le fait que se faire enculé , c'est se faire avoir , c'est être passif c'est sale , degoutant , négatif etc j'en passe et des meilleurs .
Pour favoriser l'expression de ces tabous on trouve chez les hommes le sport par exemple dont le football , très valorisé socialement, est l'exutoire par-fait de l'homosexualité latente .
Tous les footballeurs ne sont pas pour autant des pédés mais ils peuvent au travers ce sport laisser exprimer des pulsions inconscientes homosexuelles telles embrassades, accolades , caresses , plaisir du vestiaire etc...qui elles sont autorisées socialement .
Nous avons grandi pour la plupart dans un milieu hétéro ni plus ni moins . Comme le père de GAY LAPIN nos parents(et le contexte social)font que des valeurs de refoulement de l'homosexualité passent par ces processus + ou - conscients quand ils ne sont pas totalement inconscients .
On est donc nous aussi habitué à ce fonctionnement " socialement normatif" qui nous permet de fonctionner au quotidien . Notre langage est truffé d'homophobie parceque c'est la norme comme sale pédé , enculé , tapette , tafiotte , folasse etc.
Nous mêmes en fonction de notre environnement ET de notre propre histoire on va se positionner de façon à accomoder nos pulsions avec notre comportement .
C'est clair que quand on est adolescent et pédé ( coucou Matthieu )il y a conflit entre ce qu'on pense , ce qu'on doit être , ce qu'on est et le dégout que l'on peut avoir de soi n'est que le reflet de ce que nous avons appris et de comment on deale avec .
Je n'ai pas de nostalgie de mon adolescence mais il est clair aujourd'hui que je ferai mon coming out ne serait ce que pour changer la perception de ce que les AUTRES ont des gays et de changer l'attitude qui va avec ( merci le père de GAY Lapin qui étaye mon argument ).

Je pense AUSSI que l'humour est une preuve d'intelligence . Je peux donc AUSSI avoir du second degré sur l'homosexualité ( mais pas avec des footballeux moitié homophobes et en plus avec des supportrs racites , xénophobes . D'ailleurs je préfere les rugbymen qui sont plus gay friendly et donc plus à l'aise avec nous comme Michalack ou Cohen .
Bises à tous .

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec Curudin.Avec le temps la signification des mots évolues.Et puis il faut savoir prendre de la distance avec tout ça même si effectivement dans certains cas, l'on peut remettre gentillement une personne à sa place si elle dépasse les bornes.Et puis les cons, il faut les ignorer c'est la meilleure des choses.

Anonyme a dit…

"le langage véhicule des pulsions et des pensées inconscientes dont les tabous"

Exactement. Peu importe le sens véritable voulu. Cela cache toujours un autre sens profond. On ne dit plus "putain", mais "'tain". Et dit-on "putain" en guise d'insulte volontaire ? Non. J'ai rarement entendu quelqu'un insulter quelqu'un d'autre, dans le vrai sens de l'insulte, de "putain". Il ne faut pas confondre expressions courantes d'un langage vulgarisé (comme les "'tain", "enfoiré", "enculé", etc.) et les insultes qui visent à attaquer de façon pertinemment ciblée. Dans ces cas-là, les expressions choisies sont immanquablement le reflet d'un sentiment refoulé (sinon ce serait remettre purement et simplement en cause toutes les fondations de la psychanalyse et ceux qui peuvent se permettre d'être au-dessus de décennies de recherches et de science ne sont pas nés). Par exemple, qui parmi vous a déjà véritablement insulté quelqu'un de "enculé" ? Je doute qu'il y en ai beaucoup... et pour cause.

Anonyme a dit…

Ma foi, pas grand chose à ajouter de plus à ton article et aux divers commentaires postés.

Anonyme a dit…

Aïe, aïe, aïe...
Qu'entends-je ? Se faire traiter d'enculé, ce n'est pas grave ?
Pardon, messieurs !

Si c'est si peu important, expliquez-moi pourquoi le fait d'être traité d'enculé précisément provoque des réactions épidermiques chez bon nombre d'hétéros ? Sans tomber dans la psychanalyse, à laquelle je ne crois pas, je pense qu'on peut dire qu'effectivement, les hommes qui réagissent à cette injure se sentent atteints dans leur virilité. Mais en tant qu'homo, j'ai le droit de la refuser aussi parce qu'elle est discriminante.

En plus, tous les homosexuels ne pratiquent pas la sodomie, faut-il le rappeler ?

Après certains viennent nous expliquer qu'il s'agit d'un mot en l'air malgré tout. C'est drôle quand même ce mot en l'air : jamais adressé à une femme, toujours adressé à un homme, très mal accepté...
Et qui n'a jamais vu des jeunes dans le bus par exemple ? Un contact tactile trop prolonger et c'est le "casse-toi pédé" ou "espèce d'enculé" qui sort de leur bouche... Pourquoi ? Parce que l'association à l'homosexualité est présente dans leur esprit et péjorative.

Non, le langage n'est pas neutre. Oui, il faut lutter contre les termes homophobes. Pitié, si les homos ne s'indignent pas, qui le fera ?

Merci à Didou.

Anonyme a dit…

j'emploi pas ces mots insultant pour moi;un jour j'ai voulu acheter une tapette a souris chez le" marchand de couleur" ,ca existait encore dans les années 85 ou90 mais je ne pouvais pas employer le terme exact,trop pejoratif, j'ai demandé 'un piege a souris' . Il m'a regardé etonné ,et m'a dit vous voulez une tapette?.'bah oui ai je répondu';aujourd'hui je pourrai demander une tapette!

Le Gay Lapin a dit…

Alors tu ne devais pas jouer à "Je te tiens, tu me tiens ..."
Voici la nouvelle version:
"Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette, Le premier qui rira, sera une tapette".
Bon, beaucoup de mes commentateurs ont dévié sur mon discours. Je parlais de blagues d'homo, et pas des insultes. Quelque mot qu'il soit, quand il revêt une insulte, est dégradé et dégradant (pour celui qui parle). Ceci dit, il m'arrive de parler "du petit pédé" en toute sympathie. L'autre jour, même, un collègue à parlé de "ce p'tit pédé de Delannoé", mais venant de sa bouche, je sais que c'était plutôt affectueux car il apprécie ce qu'il fait en général, et je sais que ce collègue hétéro n'est pas du tout homophobe.